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Humiliation

MARTYRS

Verdict du proces

62 supporters d'Al-Masry jugés

11supporters d'Al-Masry condamnés à mort

9 policiers accusés

retour en arriere

terroristes

Port-Saïd, cité portuaire du nord-est de l’Egypte aux 700.000 habitants. La ville est bordée d’une mer étrangement turquoise au regard du nombre de porte-conteneurs qui naviguent dans le coin. Avant le 1er février 2012, Port-Saïd devait sa renommée à son phare et son canal, de Suez. Celui-là même qui explique l’amas de bateaux aux alentours. Mais depuis ce jour, le nom de Port-Saïd est associé à un bain de sang.

Le 1er février 2012, 72 supporters du club cairote d’Al-Ahly sont tués à l’intérieur du stade de Port-Saïd, à la suite d’une rencontre de football opposant Al-Masry à leur équipe favorite. Aujourd’hui, cette tragédie est indissociable de la Révolution de 2011 et de ses conséquences. Golden, membre des Ultras White Knights 07 (UWK07), groupe ultra principal du club de Zamalek, le rival d’Al Ahly, l’assure : « La police s’est vengée. Ils se sont vengés de la Révolution ».

Alors qu’Al-Masry vient de vaincre 3-1 Al-Ahly à la surprise générale, une marée d’individus en provenance de la tribune réservée aux ultras locaux submerge la pelouse de l’enceinte. Les joueurs s’enfuient aux vestiaires. Certains sont frappés. La vague humaine fonce désormais en direction du parcage visiteurs, là où sont placés les supporters d’Al-Ahly. 

 

 

Les policiers présents au bord du terrain ne réagissent pas. Ils semblent dépassés, surpris. Pourtant, plus tôt dans la rencontre, une initiative similaire a été tentée. Après le second but d’Al-Masry, la pelouse est envahie par les supporters locaux. Le match est arrêté, le temps que les forces de l’ordre reprennent leurs esprits et canalisent l’assaut. La rencontre reprend dans la foulée, avant de se conclure dans le chaos le plus total. 

 

 

Ces envahissements successifs concluent une journée marquée du fer rouge de l'antagonisme entretenu depuis plusieurs années par les groupes ultras des deux villes. Golden précise : « Les Ultras Ahlawy 07 (UA07), et plus généralement le club d’Al-Ahly, ne sont pas du tout appréciés par les supporters du club d’Al-Masry. Juste avant ce match, il y a eu des affrontements entre les deux groupes, dans la ville ».

 

 

Khaled est encore mieux placé que Golden pour en parler. Avant de rejoindre Paris pour ses études, il était un Ultra Ahlawy. Il a rejoint le groupe à 13 ans et se souvient du déplacement des siens à Port-Saïd, en 2008. « Pour montrer qu’on était les meilleurs ultras, ceux qui ont fait le déplacement ont saccagé des magasins et des restaurants de la ville ». Khaled en est certain : « Les gens de Port Saïd n’ont pas oublié ça »Ce ne sont certainement pas les seuls. 

Parmi les supporters déboulant sur la pelouse, certains sont armés. La police n’intervient pas. « D’ordinaire, il y a des contrôles à l’entrée du stade faits par les policiers, détaille Golden, ex-habitué des enceintes egyptiennes. Ils vérifient tout. Là, on a vu des gens sur le terrain avec des longs couteaux ou des barres de fer »Le membre des UWK07 conclut : « On comprend vite que la police est complice ».

 

Aucune issue n’existe pour les supporters d’Al Ahly présents dans les tribunes. Quelques minutes plus tôt, les grilles et portes du parcage ont étrangement été fermées. Personne ne peut s’enfuir, tout le monde s'écrase. 

 

Khaled n’était pas au stade ce soir-là. L’un de ses anciens camarades, lui, oui. Ce déplacement, il l'avait fait avec deux de ses amis. Ils ne rentreront au Caire qu’à deux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ancien UA raconte : « Quand les supporters de Port Saïd sont venus sur la pelouse, les portes étaient fermées. Il y a eu un mouvement de foule, la porte s’est cassée et s’est écrasée. Il y a eu beaucoup de morts à cause de cela ».

 

 

Au fil des minutes qui suivent le drame et des vidéos postées sur les réseaux sociaux, l'ombre de la manoeuvre politique mute en une insoutenable réalité. Pour y trouver les raisons, il faut remonter dans le temps. En novembre 2011, de violents et meurtriers affrontements éclatent au Caire, entre manifestants et autorités militaires. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) et son dirigeant le Maréchal Tantawi, à la tête du pays depuis la destitution d'Hosni Moubarak en février, sont accusés de s'accrocher au pouvoir et de tarder la transition démocratique promise. « On sentait la révolution nous échapper», concède Golden.

 

Comme en janvier 2011, la jeunesse ultra du Caire est présente parmi les manifestants place Tahrir. « En novembre, j'étais en première ligne », raconte Sohan, ancien UWK07. Le jeune homme était déjà place Tahrir quelques mois auparavant, en janvier. Il fut blessé par des balles tirées par la police. En cette fin d'année 2011, « c'est l'armée qui m'a blessé, bisque Sohan. J'ai reçu une grosse pierre sur la tête ». Des incidents qui font aujourd'hui sourire le supporter de Zamalek mais qui illustre la violence des combats et l'importance des ultras. 

 

« En Novembre, les ultras ont vraiment montré leur importance dans la rue, commente Sohan. On a rendu les manifestants plus organisés dans ces batailles. On expliquait aux gens où se placer, comment se protéger ».

 

La contestation n'échappe pas non plus aux Virages, ces tribunes qui abritent les ultras. « Lors de cette période de latence, les ultras ont continué à mettre la pression avec des scénographies impressionnantes, ajoute Sébastien Louis, historien et spécialiste de la philosophie ultra. L'un des groupes avait représenté sur une voile le général Tantawi sous la forme d'un chien »

 

S'agissant du drame de Port-Saïd, l'historien déclare qu'« il est évident que l'on sait qui avait intérêt à faire payer les ultras. On ne sait pas vraiment comment cela a été organisé mais ce qui compte c’est le résultat, et il a été sanglant. 72 morts ».

 

 

 

 

72 supporters du club d'Al-Ahly sont tués ce 1er février 2012. Certains étaient ultras, d'autres non. Ils s'ajoutent aux deux Martyrs tombés lors de la Révolution une année auparavant. Le Caire est en deuil, l'Egypte est sonné. Le soir du drame, la gare de la capitale se retrouve bondée. Supporters, amis, familles, toutes et tous attendent le train en provenance de Port-Saïd. Certains espèrent seulement retrouver leurs proches. Fattih y était. Il est un fervent supporter d'Al-Ahly.

 

Par crainte, Fattih nous a donné rendez-vous dans l'un des restaurants chics du riche quartier de Maadi. Le quartier des ambassadeurs, comme certains Cairotes s'amusent à l'appeler. Au moment d'évoquer la tragédie, le regard de Fattih se perd. Sa voix tremble. Les va-et-vient des serveurs prennent désormais le dessus sur ses dires. 

 

« Je suis allé à la gare pour attendre le train qui ramenait les supporters, raconte celui qui avait 20 ans au moment du drame. J’ai attendu de 21h à 2h du matin. Personne ne parlait. Tout le monde attendait le train juste pour savoir si son fils, son frère ou son ami était mort ou non. Personne ne savait qui allait revenir ».

 

Fattih connaissait 50 des 72 Martyrs. Des amis, des connaissances, des rencontres. D'une vie, d'un instant, d'un regard. 

 

« J'étais très en colère contre la police. Je ne répondais plus à ma famille et mes amis. Je ne regardais plus le foot. Maintenant, je préfère regarder les matchs chez moi. Je n’aime plus les rassemblements liés au foot, depuis Port Saïd. J’y pense toujours ».

 

 

Le lendemain, le 2 février 2012, de violents affrontements éclatent au Caire entre supporters et policiers, à la suite d'une manifestation spontanée organisée par les Ultras Ahlawy

 

Ronnie Close, journaliste irlandais indépendant, était sur place à cette période. « J'ai déménagé au Caire en janvier 2012, détaille l'auteur du seul ouvrage écrit sur le sujet : Cairo's Ultras: Resistance and Revolution in Egypt's. Vous essayez de vous acclimater à votre nouvelle maison, à l'environnement, et soudainement, toute la ville se transforme. Tout se mue. Les gens s’élèvent dans la rue. C’était comme une zone de guerre ».

 

 

 

 

À la suite du drame de Port-Saïd, les matchs du championnat égyptien de football se déroulent à huis-clos, durant trois ans. 

 

Le 8 février 2015, quasiment trois ans jour pour jour après le massacre, la rencontre oppoant Zamalek au club de l'ENPPI est ouverte au public. Pour la première fois depuis 2012, un match de football va se dérouler devant des supporters en Egypte.

 

Mortada Mansour, le président du club cairote, annonce fièrement que l'entrée au stade sera gratuite pour tous. C'est un jour de fête. Golden, membre des Ultras White Knights, le groupe ultra principal de Zamalek, s'en souvient parfaitement : 

 

« C’était une journée assez normale, j’étais à l’université. J’avais entendu Mortada Mansour annonçait que l’entrée serait gratuite pour tous. On a alors décidé d’y aller avec un ami. On a pris le bus pour aller au match. Dans le bus, mon père m'a appellé pour me dire de bien faire attention à moi ».

 

Mais Golden fonce. Pour rien au monde il ne louperait ce retour. Il n'est pas le seul. 

 

« Dans le bus, je me souviens d’une famille qui se rendait aussi au stade. C’était une tante qui emmenait sa nièce et son neveu. On a discuté avec eux. Ils nous ont raconté qu’ils venaient au stade en famille, à chaque fois, avant Port-Saïd. Quand ils ont entendu que l’entrée était gratuite, ils étaient tellement ravis qu’ils sont directement venus. Il y avait tellement de joie dans leurs yeux... ».

 

 

 

Mais très vite, les souvenirs pré-Port-Saïd resurgissent. L'entrée aux gradins ne se fait que par une seule porte. Enfin, non. L'entrée aux gradins ne se fait pas que par une seule « petite cage, qui servait de checkpoint avant l’entrée. Elle était légère, instable, elle bougeait dans tous les sens », se souvient Golden. Pour mieux contrôler les entrées, la sécurité avait effectivement mis en place une antre de fer et de barbelés.

 

Dans cette cage, les gens s'entassent, se pressent, se bousculent. La rencontre va bientôt débuter et seulement 5.000 spectateurs sont installés en tribunes. La bonne humeur du début de journée tourne à l'anxiété. Les esprits s'échauffent, les supporters poussent. La police répond en arrosant la foule de gazs lacrymogènes. Golden y était. Il en est certain : certains policiers ont tiré à balles réelles. 

 


ouviens d’une famille qui se rendait aussi au stade. C’était une tante qui emmenait sa nièce et son neveu. On a discuté avec eux. Ils nous ont raconté qu’ils venaient au stade en famille, à chaque fois, avant Port-Saïd. Quand ils ont entendu que l’entrée serait gratuite, ils étaient tellement ravis qu’ils sont directement venus. Il y avait tellement de joie dans leurs yeux... ».

 

 

 

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Drames

 

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de

 

Martyrs, le destin des Ultras du Caire 

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Retour dans la chambre

Sentant la promesse démocratique de février devenir utopie, l’Egypte s’agite de nouveau en novembre 2011. Le Conseil suprême des forces armées et son dirigeant le Maréchal Tantawi sont cette fois-ci dans le viseur des manifestants. L’armée s'accroche au pouvoir et tarde la transition vers les premières élections libres du pays depuis 1952. De cette nouvelle contestation, les ultras du Caire en seront là encore les "bras armés"Ils en payeront le prix fort.

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KHALED

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Au Caire, au même moment, le meilleur ennemi d'Al Ahly, le club de Zamalek, affronte Ismaily. En tribune ce soir-là, Golden comprend tout de suite ce qu'il se passe à Port-Saïd, comme le reste des membres de son groupe : les Ultras White Knights. Les ultras du Zamelek décident d'un acte symbolique fort à l'annonce de la tragédie : l'arrêt total des encouragements et le retournement de leur bâche. « Quand j’ai vu les vidéos du drame, j’ai tout de suite compris…», se souvient le jeune homme.

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Certains députés présents à la manifestation demandent publiquement l'ouverture d'une enquête indépendante. Au lendemain du drame, d'autres circonstances se transforment en indices et des langues se délient. « Tout le monde savait que ce n’était pas “juste” une tragédie dans un stade de foot », explique Ronnie Close.

Arrivé aux alentours du stade du 30 juin, Golden prend conscience de l'ampleur de l'évènement. Environ 30 000 personnes sont présentes. « J'ai même retrouvé mon père alors que quelques heures avant il me disait de faire attention », plaisante celui qui étudie depuis septembre à Marseille.

 

 

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RONNIE CLOSE

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En rentrant chez lui, l'Ultra White Knight découvre le funeste bilan de l'après-midi : 20 morts. 

 

« Parmi ces 20 martyrs, il y a la nièce que j’avais rencontré dans le bus avec son frère et sa tante. Elle avait 14 ans. Cette famille avait de la joie dans les yeux de revenir au stade. A la fin, cette famille rentre et il manque une personne... ».

 

20 MORTS

À la suite de cette seconde tragédie, Mortada Mansour, le président du Zamalek, accuse les Ultras White Knights et plaide pour la dissolution de tous les groupes du pays. Il va même plus loin et souhaite que les ultras soient considérés comme des organisations terroristes.

 

La réaction rapide et politique du sulfureux président, anciennement proche de Moubarak et opposé aux ultras depuis des années, ne laisse aucun doute pour Golden

 

« C'est un coup monté. Mansour a participé à la bataille des chameaux, le 2 février 2011. Avant son retour au club en 2014, nous étions totalement contre lui et son arrivée. On l’avait dans le viseur. En raison de sa proximité avec Moubarak et le régime, mais aussi et surtout car il avait déjà été l’un de nos présidents et que le club était dans un état catastrophique à son départ. Mortada Mansour nous insultait souvent dans les médias. Ou, alors, il nous menaçait ».

 

 

 

Parmi ces ménaces récurrentes, l'une d'entre elles restera à vie dans la mémoire de Jamal Boukhari, journaliste égyptien pour l'un des rares médias numériques indépendants du pays : 

 

« Quelques heures avant le match du 8 février 2015, Mortada Mansour a dit en direct à la télé : 

" Je m’adresse aux parents de membres ultras. Si vous tenez à votre enfant, ne le laissez pas aller au stade. Si vous recevez votre enfant comme cadavre, ne pleurez pas " ».

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À  SUIVRE...

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Fresque murale en hommage aux martyrs

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Al Ahly

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En plus des 72 Martyrs de Port-Saïd, deux ultras Ahlawy sont morts durant la Révolution de 2011.

« Personne ne savait qui allait rentrer...»

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