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TRAUMATISME

marre des cafes 

infini

 

Peu de temps après le drame du stade du 30 juin, en 2015, le tribunal du Caire reconnaît et considère les groupes ultras du pays comme des "organisations terroristes". Dans la foulée, la Cour urgente des affaires ordonne leur dissolution. Depuis, certains ultras sont arrêtés, d’autres emprisonnés, et le football n’échappe pas aux dérives autoritaires et sécuritaires du maréchal al-Sissi, à la tête du pays depuis 2013.

 

En 2018, Sohan se trouve dans la même voiture que certains de ses amis ultras. Ces derniers ont émis l’idée quelques mois auparavant de créer un nouveau groupe, à la suite des mesures prises par le tribunal du Caire en 2015.

 

« Cela n’a pas plus au régime, livre l’ancien Chevalier Blanc. Ils étaient suivis ». 

La sécurité nationale les arrête à ce moment, lors de ce trajet. Sohan est avec eux. Ils seront prisonniers durant deux jours, avant d’être libérés. Sohan raconte :

 

« Blessé est un mot très faible pour décrire ce qu’ils m’ont fait. Pendant deux jours je ne pouvais rien voir. Ma tête était proche de mon dos. Ils venaient juste pour me donner à manger, je ne pouvais parler à personne. Personne ne peut imaginer comment c’était, c’était horrible, mais c’est terminé ». 

La vie de Sohan a complètement changé. En plus d’une longue dépression suite à cette expérience, le jeune homme appréhende aujourd’hui le simple fait de prendre une photo dans la rue. Par peur d’être suspect. 

 

« Je suis chanceux d’être vivant et d’en être sorti, mais ça m’a rendu très anxieux » , livre-t-il. Avant cette nouvelle vie faite d’auto -mais pas tant que cela non plus- contraintes, Sohan s’éclatait à travestir les murs du Caire en des toiles géantes. Il était l’un des graffeurs des UWK07. 

 

 

« J’adorais ça parce qu’à chaque fois que je traversais le quartier je voyais mes peintures sur les murs, s’amuse le Banksy White Knights. C’était parfois des graffitis pour Zamalek et d'autres fois pour la Révolution ».

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PRISON

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PRISON

 

le match 5

 

de

 

Martyrs, le destin des Ultras du Caire 

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Retour dans la chambre

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Prénom modifié, application de messagerie cryptée téléchargée, profession tue. Voilà une partie de l’attirail de garanties et de précautions imposées par Sohan afin qu’il partage un bout de son passé. Il est un ancien membre important des Ultras White Knights, groupe ultra supportant le club cairote de Zamalek.

 

Le jeune homme de 27 ans a déjà été arrêté et retenu deux jours, en 2018, par la sécurité nationale, « des gens qui n’éprouvent aucune humanité envers les autres », détaille douloureusement l’ancien ultra.

 

Ancien, oui. Après son arrestation, Sohan a décidé de balayer tout ce qui pouvait encore le relier à son groupe. Des amitiés suspendues, des habitudes chamboulées mais une anxiété désormais permanente.

 

« Je me sens toujours en danger, même notre interview est dangereuse pour moi, confesse-t-il. Quand la sécurité nationale nous a laissé partir, ils nous ont dit qu’ils allaient nous suivre, et que s’ils trouvaient quelque chose en lien avec le groupe, ils nous arrêteraient à nouveau ».

Aujourd’hui, tomber nez à nez face à l’une des œuvres murales de Sohan, au coin d’une rue, le long d’une route, ou sous un pont, relève de l'exploit. Au Caire, les ultras n’existent plus dans l’espace public. L’énorme majorité de leurs graffitis ont été effacés et la sur-présence militaire et policière en ville n’aide pas. La situation juridique des groupes et l’autorité avec laquelle le maréchal al-Sissi dirige le pays sont les origines de cette omerta. 

 

« En 2015, un tribunal va qualifier les groupes ultras comme organisations terroristes, détaille Sébastien Louis, histoiren et auteur de l'ouvrage Ultras les autres protagonistes du footballL’idée de cette décision est tout simplement d’éliminer tous les groupes dissidents. Les Ultras en font partie ».

 

En Egypte, depuis 2013 et le coup d'État du maréchal al-Sissi, la moindre voix opposante est arrêtée, torturée et parfois tuée. Bloggeurs, étudiants étrangers, syndiqués, activistes, journalistes. La liste des exemples réprimés, emprisonnés arbitrairement ou laissés pour mort par l’autoritaire Etat égyptien est longue comme le bras. 

Peu de temps après la décision du tribunal du Caire en 2015, une vague d’arrestations touche le mouvement ultra cairote. Les Ultras Ahlawy 07 ont été parmi les plus durement touchés. Plus de ces 300 membres étaient emprisonnés au printemps 2018. Le groupe a décidé d’un arrangement historique avec le gouvernement égyptien, afin de libérer ses membres : son auto-dissolution. Les Ultras Ahlawy ont mis fin officiellement à 11 ans d'existence, en contre-partie de la libération de ces trois-cents membres. 

 

Deux semaines plus tard, les rivaux du Zamalek, les Ultras White Knights, ont également annoncé leur dissolution. 

 

Toutefois, les deux groupes cairote continuent d’opérer et d’exister officieusement, symboliquement.  Golden, ancien membre des ultras du Zamalek confie : « Notre groupe continue des actions. On  est même descendu dans les rues pour distribuer masques, médicaments, pour les gens qui ne supportent pas cette période ».

 

 

« Oui, ils continuent à se voir dans des cafés, explique le journaliste irlandais expatrié au Caire, Ronnie Close. Mais ce n’est pas la même chose que d’être des milliers dans un stade. Le stade du Caire a une capacité de 80 000 personnes. On parle d’une atmosphère incroyable dans ce stade. On ne peut pas retrouver ça dans un café, à la télé. Ce n’est pas pareil ».

 

 

Début février, Al Ahly rentre du Qatar et du championnat du monde des clubs avec la médaille de bronze. Pour cause, l’équipe du Caire a remporté la Ligue des Champions africaine, le graal continental, l’an dernier. Devinez face à qui… face à Zamalek. Golden, fan de l'équipe perdante, avoue : « J'ai pleuré ». Jamal, supporter d’Al Ahly, avoue aussi : « J'ai pleuré ».

 

A l’occasion du match pour la troisième place opposant Al Ahly au club brésilien de Palmeiras, à quelques mètres de la place Tahrir, des cris surgissent d'un bâtiment rideau pourtant baissée. Il s'agit d'un café clandestinement ouvert durant les matchs d'Al-Ahly.

 

Dans l'étroite et sombre rue menant à l'établissement, un jeune serveur guette et surveille les va et vient des passants. Il repère celles et ceux qui savent ce qui se passe derrière ce rideau de fer. L'entrée se fait de l'autre côté du café. 

 

A l'intérieur, une fois l'allée rempli de tables pliées et de chaises empallées traversée, une centaine de supporters d'Al Ahly célèbrent de vive-voix leur équipe de coeur. Le patron du bar peste et demande aux supporters de baisser le volume des encouragements. Rien n'y fait. Le café explose de joie après le tir au but vainqueur d'Al Ahly. Le club du Caire devient officieusement le troisième meilleur club du monde.

 

 

 

Dans les rues du Caire, ce triomphe aurait pu accoucher d’un bastringue majestueux. Mais rien. Pas un fumigène, pas une accolade, pas un chant. À l’habituel et incessant bourdonnement de klaxons qui fait le charme de cette capitale hors-norme s’ajoute une autre agitation. Celle de la réouverture des cafés, contraints de suspendre leurs activités le temps d’un match de football. 

 

Le grincement des rideaux de fer et le claquement au sol des chaises appâtent les tympans des habitants, rompus aux manifestations sonores des automobilistes. Le spectacle aimante les regards, malgré la splendeur des bâtiments et le bleu éblouissant des gyrophares de voitures de police qui défilent. Les habitudes et les discussions reprennent. Le Caire reprend haleine après une retenue forcée d’une heure et demie. Enfin, un peu plus, en raison des tirs aux buts.

 

Même sans la fête, Le Caire reste une fête. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ceci est une apparence -justement- trompeuse, comme énormément de choses ici.

 

En 2021, les ultras du Caire ne sont pas de la fête. Ils ne sont tout simplement plus. Là encore, en apparence.

 

 

 

Les cafés, justement, sont surveillés de très près par le régime. Lors de chaque match d’Al Ahly ou de Zamalek, à domicile comme à l’extérieur, tous les cafés et salons de thé de la ville du Caire ont obligation de baisser le rideau et fermer leur portes durant une heure et demie, le temps de la rencontre. 

 

« L’idée, c’est d’empêcher les regroupements, explique Jamal Boukhari, journaliste indépendant égyptien, auteur de plusieurs articles sensibles à l’encontre du régime. En fermant les cafés, les gens ne peuvent pas se retrouver pour célébrer et descendre tous ensemble dans la rue s’il y a une victoire ».

 

Jamal détaille également la portée plus symbolique des cafés : « ce sont aussi des lieux où les gens peuvent parler, où des idées ^peuvent émaner et apparaitre. C'est cela aussi que le régime veut éviter. Lors de la Révolution de 2011, les cafés ont été des endroits importants. C’est ici que l’on pouvait parler du régime, le critiquer, et former des groupes de discussions ».

 

Pour le journaliste, cette fermeture forcée des cafés est l’exemple parfait de ce qui fait et définit le régime d’al-Sissi. « Moubarak nous laissait une minuscule zone de liberté, qu’il contrôlait toutefois. C’est une liberté en apparence. Sissi, lui, ne veut plus prendre le même risque. Il n’y a pas du tout de liberté ».

 

 

Les associations de défense des droits de l’homme estiment à 60 000 au moins le nombre de personnes arrêtées durant ces cinq dernières années en Egypte. En 2020, 90 condamnés à mort ont été pendus ou fusillés. 

« On l’a vu, lorsque le maréchal Al Sissi a récupéré le pouvoir, ça a été la fin de la “récréation”, explique Sebastien Louis. Cette transition démocratique a pris fin, avec une répression extrêmement brutale contre les Frères Musulmans, les opposants et tous ceux qui n’étaient pas dans la nouvelle norme égyptienne dont, évidemment, les ultras ».

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90 condamnés à mort ont été pendus ou fusillés en 2020

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“ Ultras, c’est un concept, une idée. Ce n’est pas quelque chose qui s’échappe, quelque chose qu’on nous enlève. C’est une philosophie, un idéal. Cela ne peut pas disparaître du jour au lendemain. Ça reste en nous, dans notre tête, toute notre vie.

Les ultras existeront toujours

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GOLDEN

GOLDEN

RONNIE CLOSE

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Chambre

match I

GENESE

FIN

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Symbole " mort aux vaches "

"ce n'est pas une question de nombre de trophees, c'est de l'amour depuis l'enfance"

« Blessé est un mot très faible pour décrire ce qu’ils m’ont fait »

 

Sohan